Arthur le poète

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La nuit est tombée, il est temps d’aller se coucher. Arthur monte dans les combles saluer sa mère, les escaliers craquent à chacun de ses pas. J’entends sa voix douce qui s’élève. Quel est ce poème ? Peux-tu le répéter ? Il dit alors le premier vers d’une complainte dont il ne connaît pas la fin, les marches en bois de l’escalier craquent à nouveau, il sourit et répète une fois encore.
- Fleur de verdure et de juillet, que ferais-tu si je n'étais pas laid ?
Je demande à l’enfant son inspiration, il sourit encore.
- Venus tout seuls en montant du salon, ne sais pas d’où.
Il sourit encore, je veux en avoir le coeur net, l’enfant serait-il un coquin ? Je soumets ces mots à Google qui les passe à l’essoreuse : 0.49 secondes pour 11’700 résultats. Ce vers est unique, il n’est pas indexé. Mais on le trouve en morceaux dans l’oeuvre des géants, la première page que propose Google à ma requête nomme Gustave Flaubert, Théophile Gautier, Mary Schelley, Marcel Proust, Franz Kafka, André Gide. Un poète nous est-il né ?
Me hâte d’ouvrir son journal que je n’ai plus consulté depuis quelques mois et découvre à nouveau l’observateur sensible des saisons, le frère de ses soeurs amateur de pizza et l’ami de son chien, le sauveur de l’humanité, l’infatigable voyageur, l’ambitieux champion, l’ami des écrivains
Mais aujourd’hui c’est l’autre face de l’enfant que je découvre, déchiré, oublié. Je suis totalement ruiné, écrit-il dans son dernier billet, et le père que je suis s’interroge.

Jean Prod’hom