févr. 2014

Ecrire (c)

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Ecrire pour exister hors de soi
et faire dedans un peu de place
à ce qui fait défaut

Jean Prod’hom

Obligés de personne (c)

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Père et fils unis
dans l’obligation d’être à la fin
les obligés de personne

Jean Prod’hom


Les associations (c)

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Les associations
sont toujours à la fin
des associations de malfaiteurs

Jean Prod’hom

Conscience (c)

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Sur les écrans de la bonne
et de la mauvaise conscience
les mêmes larcins

Jean Prod’hom

Tirages limités

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Tirages limités
encres uniques
textes illisibles

Jean Prod’hom

Innocent

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Innocent
qui n’a ni fui ni désobéi
devenu bourreau obéissant

Jean Prod’hom

Jusqu’au bout (c)

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Jusqu’au bout
là où les ornières se perdent
où il n’y a plus rien

Jean Prod’hom

Tant que j’ai ma tête (c)

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Tu ne me forceras pas
tant que j’ai ma tête
qu'on ne s'acharne pas si je la perds

Jean Prod’hom

Jouer petit

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Jouer petit
forcer ainsi l'enfant à prendre la main
l’obliger à se retrouver devant

Jean Prod’hom

À défaut (c)

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À défaut de prière
ramasse une pierre
et dépose-la

Jean Prod’hom

Ça tient (c)

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Ça tient
non pas que ce soit vrai ou qu’on y soit pour quelque chose
non ça tient

Jean Prod’hom

Un peu à côté (c)

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Vivre un peu à côté
dans une parenthèse
avec juste ce qu’il faut

Jean Prod’hom

Une tache de soleil

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Derrière le chantier désert
le vin coule à ras bord
l’esprit fait l’accordéon

Jean Prod’hom

J’entends (c)

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J’entends le chant d’une mésange
air et brindilles
de feux réchauffés

Jean Prod’hom

Changements (c)

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Il y a bien quelques changements
les rosiers taillés
le bois livré

Jean Prod’hom

Surseoir (c)

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Surseoir
aussi longtemps que possible
sans élever de digue

Jean Prod’hom

Quelque chose

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Quelque chose insiste
dans la vague que suit
ma respiration

Jean Prod’hom

Février

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Bras noirs des pommiers du verger
cercles de boue nue
tout autour le pré enneigé

Jean Prod’hom

Phylogenèse

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Chasseur autrefois
puis éleveur
bien élevé aujourd'hui

Jean Prod’hom

Demi-dieu (c)

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L’homme ne dépend que de l'inaccessible
pour le reste
carte blanche

Jean Prod’hom

Retrait (c)

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Décoller du trafic
en se laissant couler
comme le sable au fond du verre

Jean Prod’hom

Nuit (c)

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Ne pas faire la lumière sur tout
maintenir quel qu’en soit le prix un coin d’ombre
où déposer sa fatigue

Jean Prod’hom

Plein air (c)

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C’est la qualité de l’air qu’on respire
qui donne à nos pensées
un semblant d'allure

Jean Prod’hom

Plaie d'époque (c)

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S’en référer à la loi
pour ne pas avoir à lui désobéir
lâcheté de sous-lieutenant

Jean Prod’hom

Avancer (c)

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Avancer
à l'endroit même
où l’on demeure immobile

Jean Prod’hom

Large et ronde

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La mort
nous retient
à découvert

Jean Prod’hom

Ne me fie (c)

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Me tiens au courant
m'étonne de ce bazar
ne me fie qu’à ce qui penche

Jean Prod’hom

Bulletin scolaire

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Six points sur douze
la gamine huit ans ne dit rien
terre d’asile

Pleure à la récré
pas de points de suture
crime contre l’humanité

Jean Prod’hom

Un mot de Grignan

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N’en attendais pas tant. Reçois ce matin quelques mots de Grignan, avec une image, celle du manuscrit de l’un de ses poèmes : Les Gitans. Recto et verso de ce qui va sans remous avec et après nous.

Il y a un feu sous les arbres :
on l'entend qui parle bas
à la nation endormie
près des portes de la ville.

Si nous marchons en silence,
âmes de peu de durée
entre les sombres demeures,
c'est de crainte que tu meures,
murmure perpétuel
de la lumière cachée.

18 | XII | 53

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Celui qui me confie être un vieillard, un vieillard qui ne trouve plus toujours le courage de lire puis de dire, et encore moins à celui qui somme tout n’est guère plus jeune que lui, ce qu’il pense des pages qu’il a lues et qui mériteraient un meilleur lecteur, au-delà de la passe rhétorique, souligne une fois encore que le feu n’est pas éteint. Demeurer reste le seul chemin qu’on peut faire soi-même.
Et je souris à penser, comme il me le rappelle de nulle part, que son père a soigné au Riau de Corcelles quelques bestiaux, mais que ni lui ni moi n’y étions. Ce sont ces mots au-delà de nos existences qui font transiter à la fin un peu de cette lumière cachée qui brûle sous les arbres en dehors de nos sombres demeures.
Chacun à son tour se retire, sans fermer l’oeil ni la porte à clé, laissant à d’autres ce qui est et ce qu’on a bien voulu leur confier, en les invitant à tout reprendre. Comme des ignorants.

Jean Prod’hom