Jean-Daniel, Javier ou Elisabeth




C’est aujourd’hui une affaire heureuse et sérieuse, heureuse parce que ça marche, sérieuse parce que Louise a rencontré quelqu’un à sa taille, d’accord et capable de l’accompagner sur des chemins qui ne sont pas les nôtres. On s’est rendu lundi soir en famille à Maracon pour une audition. Lui c’est Javier, elle c’est Louise, il lui accorde sa guitare avant de l’accompagner, c’est son professeur et elle l’admire. Il lui laisse ensuite la place et elle joue seule. Elle voudrait des leçons plus longues, une demi-heure c’est court. Il est d’accord. Il lui parle, elle le regarde. Il parle peu et elle joue beaucoup, ils jouent ensemble parfois, elle joue seule le matin au réveil, à midi, à 4 heures, le soir avant de se coucher. A la fin, c’est une affaire entre elle et sa guitare qui lui fait aujourd’hui des promesses.
Nos enfants auront grandi d’avoir été avec des autres là où nous ne sommes pas, chacun son tour, hier c’était Arthur, aujourd’hui c’est Louise, demain ce sera Lili. Et si on laisse nos enfants entre les mains de ces gens-là, c’est pour qu’ils puissent mener à bien ce qu’on est bien incapables de faire, les conduire plus loin que nous ne le pouvons, ou ailleurs, ou ici, mais moyennant ce détour qui les libérera de notre emprise. La société serait bien mal prise sans ces passeurs, Jean-Daniel, Javier ou Elisabeth, qui dénouent avec soin les fils qui ont lié nos enfants à notre amour immense, aveugle et nécessaire.





Jean Prod’hom