Eurêka

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Cher Pierre,
Les réponses, que les institutions de formation attendent de chacun d’entre nous, permettent à ceux qui ne s’y arrêtent pas d’observer les effets qu’elles produisent chez ceux qui sont portés à y croire et s’en satisfont. On voit ceux-ci se détourner, fermer les yeux de contentement, heureux de s’être débarrassés enfin de ce dont ils auraient pu, – c’est ce qu’ils croient –, volontiers se passer, persuadés que les solutions constituent une fin en soi, la liquidation d’inutiles obstacles que des fâcheux auraient placés sur leur chemin, libres désormais de prendre du bon temps dans une annexe conçue expressément pour eux : jeux, délassements, loisirs, distractions : à l’abri du monde et des vivants.

eurêka cibet-prod'hom sylvie rosat

Il existe une autre manière de s’alléger : en abandonnant l’espoir d’éclairer définitivement les énigmes, d’épuiser le questionnement qui rythme nos vies et creuse des accès au monde dont nous sommes les héros ; en consentant aussi à ne toucher à rien, ou le moins possible, suivant en cela la méthodologie scientifique la plus orthodoxe et la plus exigeante, c’est-à-dire du bout des doigts.
Et je crois qu’à cet égard, ceux qui prendront le plus grand plaisir aux problèmes que proposent Sandra Cibert-Prod’hom et Sylvie Rosat dans Eurêkale nouveau moyen d’enseignement de l’option spécifique mathématiques et physique du canton de Vaud – seront ceux qui sauront goûter aux questions plus qu’aux réponses, lesquelles tombent, on le sait, comme des fruits mûrs ; les auteures ne manquent pas de nous rappeler, en effet, que les réponses n’offrent toutes leurs saveurs que si elles sont saisies du bout des lèvres et croquées là où elles sont nées : dans le verger.

Jean Prod’hom