L’informatique est une plaie qui ne se refermera pas

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Cher Pierre,
L’informatique est une plaie qui ne se referme pas ; je tente aujourd’hui de déplacer 8000 fichiers d’un rang sur la droite, de les mettre à l’abri, en paquet, sur une voie de garage, histoire de ne plus avoir à y toucher et ne plus risquer, à chaque publication, de les voir disparaître. En vain. Si les fichiers-textes obéissent à mes instructions et se rangent sous l’étiquette archives, les images ne suivent pas.

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Il va falloir que je prenne une décision, que je donne une nouvelle forme à ce site, mais laquelle ? Ignorant celles auxquelles j’ai accès, il m’est impossible de calculer les avantages et les désavantages de chacune d’elles. J’interromps mes essais à 17 heures et rejoins les invités pour l’inauguration officielle des nouveaux bâtiments scolaires du Mont-sur-Lausanne.
Je n'y puis rien, les groupes d’enfants qui chantent me font pleurer ; c’est ainsi, je pleure lorsque je les vois pris dans les vagues que leur propre chant creuse, livrés à autrui, hypnotisés par une main, le sourire, les yeux qu’ils suivraient jusqu’au sacrifice. Bellement captifs dans les mailles de la vertu, ils n’ont jamais été aussi proches de l’effacement, de la mort.
Je pleure de les voir disparaître. Mais en même temps, au milieu de cette aventure humaine qui les nie, chaque visage touche à la grâce et offre une présence sans partage. Le chant fait voir en chacun d’eux, à fleur de peau, l’universel et le singulier.
Il en est allé tout autrement avec les danseuses qui relaient les petits chanteurs. Là, je ne pleure plus, tout est maintien et articulation, dressage et convention. Pourtant, c'est au comble de cette maîtrise, en devenant poupées grimaçantes, que les danseuses frôlent l'abandon, en consentant à n’être que marionnettes, mantes religieuses, brins d’herbe ou rameaux, noyant leurs laideurs dans la pure présence d’un corps sans âme, mais vivant.

Jean Prod’hom