Il serait dommage de rater leur naissance

Capture d’écran 2015-05-02 à 16.41.40

Cher Pierre,
Il serait dommage de rater leur naissance, je consulte donc mes notes au retour du triage... Le mercredi 15 avril, une tache rouge se détache sur un fond de bartasses ; la femelle se glisse sous les branches d'un sapin nain : ce sont deux bouvreuils pivoine. Il se confirme, le vendredi 17, que la femelle attend un heureux événement. Le jeudi 23, deux oeufs reposent au fond du nid, trois le lendemain, ils sont cinq le dimanche 26. Je les laisse tranquilles jusqu'au mercredi 29, les aperçois ce jour-là tout près l'un de l'autre dans les branches nues d'un jeune foyard. Aujourd'hui 7 mai, à 7 heures la femelle couve encore, pas trace du mâle.
Si le site des oiseleurs que j'ai consulté le 24 avril dit vrai, que 13 à 14 jours sont nécessaires pour que les oeufs éclosent, les deux premiers oisillons devraient voir le jour aujourd'hui ou demain. Mais si l'éclosion des premiers oeufs pondus s'alignent sur celle des derniers, il me faudra attendre samedi, dimanche ou même lundi pour fêter l'heureux événement.

IMG_8211



Nouvelle expédition au Centre intercommunal de gestion des déchets, avec les petits cette fois ; le travail réalisé hier, la présentation exhaustive de ce que l'animateur allait nous présenter aujourd'hui, dans une perspective certes un peu décalée, a conduit une élève que j'ai interrogée après la visite à me faire la remarque suivante : Non seulement j'ai compris, mais je me suis sentie intelligente. Elle confirme une fois encore l'idée que celui qui n'a pas vu double n'a rien vu, que lire, c'est d'abord relire.
Fais quelques emplettes chez Jouanard, au Central, devant la porte grand ouverte qui donne sur la terrasse, temps de printemps : Ailleurs c'est n'importe où avant... Chez soi, toujours plus près de chez soi... Par le chemin de l'écriture, il tente aujourd'hui de regagner les berges fermes et les climats fertiles d'avant l'histoire...
Prends à 4 heures le chemin des écoliers pour me rendre à Fribourg ; lorsque je plonge sur la Sarine, les cloches de l'abbaye de Hauterive sonnent les vêpres. Je m'assieds sur un banc, une douzaine de Cisterciens sortis de je ne sais où s'installent dans les stalles savoisiennes de l'abside, l'un deux ouvre la grille de la clôture, ils chantent des psaumes devant une petite dizaine de fidèles, ou d'amis, ou de pèlerins. Leurs voix glissent le long des voûtes et remontent le long des piles pour finalement occuper tout l'espace : bonheur qu'un silence brutal interrompt, pour faire un peu de place au chant d'un merle resté dehors. Les moines s'éclipsent après avoir éteint les lumières du coeur, ils retournent je ne sais où, faire je ne sais quoi.
La Sarine, grosse des eaux des jours passés, ronge les parois de molasse, le pré gras me rappelle qu'il faudra que je m'occupe demain de l'herbe du jardin, un tailleur de bois a fait apparaître de beaux visages sur la tête de larges piquets de chêne.
Le théâtre des Osses n'est pas la porte d'à côté, Givisier non plus, c'est dire que je m'égare plus d'une fois ; ce sont finalement deux retraités, dont je fais la connaissance sur un rond-point paralysé, qui m'y conduisent. Et là, petit bonheur, Roger Jendly lit quelques extraits de Tessons.

Jean Prod’hom