Les bêtises nées de l'impatience

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Les bêtises nées de l'impatience menacent de faire fuir ce qui nous est cher et qu'il nous aurait suffi d'attendre ; ainsi ce matin : en dépit de ma promesse de ne pas m'y rendre avant la fin de la semaine, je retourne au-dessus du triage m'assurer que les deux bouvreuils n'ont pas déserté les lieux en abandonnant leur nid. Je m'assieds dix minutes sur une souche, à bonne distance ; aucun rameau ne balance, pas un bruit.
M'approche pour en avoir le cœur net, lève une branche, s'envole l'oiseau rose. Restent deux œufs dans une pelote d'herbes sèches, dont je m'empresse de faire une photographie avant de déguerpir en me rongeant les ongles. Attends à trente pas le retour de mes protégés que j'ai chassés, ils tardent. J'aperçois finalement, à la cime du haut sapin qui surplombe leur domaine, une tache rouge immobile. Ni une ni deux, je m'en vais et m'en veux de ma précipitation, en priant les dieux que les oiseaux sachent distinguer les maladroits des voleurs. 

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Au Mont, la vie continue, plus d'insectes sociaux mais moins de couleurs, beaucoup de dedans et peu de dehors, à nous d'ouvrir les fenêtres, j'essaie de le faire tout au long de la matinée. 
On mange, Celsa et moi, les dernières dents-de-lion sur la terrasse du Central ; Naples se rapproche, on avance, une sieste serait la bienvenue. 
Je passe l'après-midi avec les petits du premier, entre médiathèque et salle de classe, à tout faire pour qu'ils se détournent un moment du groupe qui les aliène et trouvent un peu de repos dans un livre. Ils finissent par y parvenir, presque tous, sans hâte, quand bien même l'un d'eux se montre si récalcitrant qu'il me condamne à le tenir en laisse. Elle me suffit l'idée que les enseignants auraient à offrir à chacun des élèves qui leur sont confiés un lieu et un moment pour leur permettre, sans jamais les occuper, de rassembler leurs désirs mis en pièces par les vendeurs de loisirs.
Ramasse Arthur à l'arrêt de bus du Riau, le dépose à Ropraz pour l'entraînement, file à Thierrens où j'embarque les filles, comme tous les jeudis. Ce qui change aujourd'hui c'est qu'il me faut encore aller donner un coup de main au Mélèze, la course a lieu dans un peu plus de semaine. Il est près de 23 heures lorsque je rentre, Arthur me montre la coque vide de son natel ; je regarde admiratif la tas de pièces qu'il en a retirées, en couvant l'espoir qu'il soit capable de replace l'un dans l'autre.

Jean Prod’hom