Kouzma confirme à Zurich

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Il est 9 heures 30, c’est dimanche. Quelques cyclistes passent la tête dans le guidon, le Hallenstadion disparaît derrière le reflet des vitres de la Sunrise Tower. Silence. On sent pourtant que quelque choses se prépare, des gens endimanchés surgissent d’on ne sait où et rejoignent en silence les collectrices qui les conduisent sur le seuil de l'église réformée d’Oerlikon – le pasteur les y attend – ou sur celui de l'église catholique romaine – s’y presse une grappe de premiers communiants. Comme souvent le dimanche, les mondes se côtoient sans jamais se toucher. D’ailleurs, un autre rassemblement se prépare au même instant à un jet de pierre des deux églises. Les cloches sonnent à tue-tête, il est 10 heures.

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Michaël Repond chez Motorex

On a quitté le colza et les prés pour le bitume, c’est un peu moins champêtre qu’à Ropraz mais il fait aussi soleil. Tous les coureurs se sont retrouvés ce dimanche 25 mai à 8 heures, poignée de main, quoi de neuf ? Ils se connaissent tous, ont grandi ensemble, se croisent chaque nouvelle année au sommet d’obstacles toujours plus importants, les nouveaux venus regardent les petits d'hier comme des héros.
Les traits sont tirés, six zones à parcourir, à trois ou quatre reprises selon les catégories, dans le chaudron de la plus vieille installation sportive encore en usage en Suisse : le vélodrome d’Oerlikon où va se dérouler la seconde manche de la Swiss-Cup de trial 2014. Repérage du parcours un croissant à la main, Jean-Daniel Savary, l’entraîneur de l’équipe suisse et du club de Moudon, accompagne les coureurs qui le souhaitent dans leur reconnaissance des zones. Un responsable vérifie le traçage, les difficultés, mesure les dangers ; au fond du vélodrome on essaie les micros. Le speaker appelle enfin les élites, les masters et les juniors, qui croiseront les poussins et les benjamins dans les zones 10 et 12. Ce mélange, c’est le beau côté de la Swiss-Cup de trial.
On s’attendait aujourd’hui à ce que ceux qui ont tenu le haut du pavé à Ropraz confirment à Zurich ; les pilotes du Passepartout de Moudon l’ont fait en partie ; en partie seulement puisque Brian Allaman, blessé, n’a pas pu confirmer chez les Elites sa première place ; mais Tom Blaser, tout neuf dans la catégorie reine, a obtenu son premier podium (3ème), une catégorie dans laquelle Steve Jordan (12ème) continue à faire ses gammes. Le junior Romain Bellanger (6ème), blessé en cours de compétition, n’a pu non plus être en mesure de confirmer son succès d’il y a quinze jours, Loïc Rogivue a obtenu une belle 5ème place.
Chez les Cadets, les Allemands qui se sont invités à Zurich montent sur les deux plus hautes marches du podium, dans une catégorie où Arthur Prod’hom confirme sa première place de Ropraz ; il termine 1er Suisse, empoche 30 points et empêche le troisième Allemand de faire main basse sur nos terres. Tom Selz (15ème) progresse mais la concurrence est rude.

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Kouzma Rehacek, zéro pénalité dans la zone 6

Les cinq Benjamins du Passepartout réalisent un beau tir groupé ; il ne manque pas grand chose pour que Michaël Repond (7ème) et Kilian Steiner (9ème) montent sur le podium ; pas grand chose non plus pour que Colin Novello (15ème), Mathieu Habegger (16ème) et Théo Dal Ben (17ème) s’en approchent. Idem chez les Poussins : Jules Morard obtient le 13ème rang, Theo Benosmane (4ème) termine à deux points du podium.
Il faut pourtant d’ores et déjà les avertir qu’ils auront fort à faire. Il y a en effet un petit gars qui monte chez les Poussins, il n’a pas dix ans et a déjà gagné la manche de Ropraz. Deux fois par semaine Kouzma vient du pied du Jura pour s’entraîner dans le Jorat. Les autres jours il roule à Baulmes, sur des palettes et des traverses de chemin de fer, le vade-mecum du trialiste. Tous ces efforts ont visiblement porté leurs fruits : un seul point de pénalité à Zurich, si bien qu’il lève pour la seconde fois le trophée du champion. Kouzma, vous ne le manquerez pas dans la foule, il parle russe avec l’homme qui l’accompagne, c’est son père. Né dans le Caucase, il est arrivé il y a une quinzaine d’années de Saint-Pétersbourg, où il a fait ses études, avec une petite bibliothèque dans la tête. On a parlé de Dostoïevski et de Tolstoï sur le banc de la zone 6. Le papa m’a confié que son fils rêvait comme lui du Caucase. Il rêve peut-être aussi de la course prochaine qui aura lieu fin juin à Tramelan.

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Bravo Kouzma !

Jean Prod’hom


Texte partiellement repris et modifié dans « La Broye »
Texte publié dans « Le Journal de Moudon » et « Le Courrier Lavaux | Oron »