Pas sûr qu’au milieu du siècle passé

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Cher Pierre,
Pas sûr qu’au milieu du siècle passé, Lausanne ait bénéficié, s’il en existe, des meilleurs urbanistes ; les collines de la Cité, de Bourg et de Saint-Laurent n’ont peut-être, à la décharge de ces voyants financés par l’état, guère facilité la gestion de son centre, de ses espaces verts, de ses places publique. Si bien qu’à Lausanne, où j’ai passé un bon tiers de mon existence, je n’y retourne guère.

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Mais rares sont les agglomérations de plus de 300 000 habitants qui peuvent se targuer d’avoir conservé un cours d’eau à ciel ouvert, c’est le cas de la Vuachère.
Il y a quelque mois, nous avions suivi, Olivier et moi, le sentier qui la longe, parfois de tout près, de son embouchure dans le Léman à la Perraudette. Nous avons prolongé cette balade ce matin jusqu’à la Sallaz. J’ai éprouvé à nouveau cet étrange sentiment d’être à l’intérieur d’un monde disparu, depuis longtemps déjà, mais dont ce vallon à la végétation sombre et primitive, plus impénétrable à certains endroits que celle qui annonce l’entrée des enfers, offre un accès privilégié.
Il aura certes fallu, pour que les eaux du Flon viennent épauler celles de la Vuachère, que les meilleurs ingénieurs consolident ses rives, les aménagent pour faire revenir les bêtes et qu’on découvre, au fond de son lit de molasse des truites et une fraîcheur qui rappelle celle du paradis. Et lorsqu’on traverse en coup de vent la ville pour se rendre de Lausanne à Pully, de Chailly à Sauvabelin, on ne songe pas un instant que tout au fond de ce vallon, aussi noir que l’encre, qui se dérobe aux yeux de celui qui n’y descend pas, coule une eau minérale, loin du torrent de boue tiède qui nous emporte en surface.
Pour que la fraîcheur vous monte à la tête, une paire de tongs suffit.

Jean Prod’hom


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