Tu me fais comprendre

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Il vient du bout de l’allée, s’assoit en face de moi. Aucune indication sur son visage sinon les soucis de la veille et la fatigue du jour. Un visage sans prise, sans carte, un visage aussi nouveau que celui d’un nouveau-né.

Pourtant, quelques mots sur le temps suffisent, une voix, un grain. Une dérobade, un sourire, sa main et, d’un coup, tout se met en place, pour toujours. Ce que j’entendrai lorsque il ne sera plus là, ce dont il se souviendra lorsque j’aurai disparu. Ce que nous laisserons tous deux à ceux qui resteront, des simulacres, des petites perceptions qui flotteront autour d’eux comme l’ivraie dans le vent.

Tu me fais comprendre. Et je comprends.

Jean Prod’hom