C'est une autre nuit qui s'abat

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Cher Pierre,
Nous sommes descendus ce matin à Vevey, c'était la troisième fois seulement que j'entrais dans une étude de notaire. D'abord à Pully suite au décès de  ma mère, la seconde fois à Oron lors de l'achat de la maison que nous habitons aujourd'hui, ce matin à Vevey pour l'augmentation de notre cédule hypothécaire.
À chaque fois le même décor : une table ovale, plus de chaises qu'il n'en faut ; au mur des tableaux que jamais personne n'a regardés, un téléphone en retard d'une génération, une collection de stylos ; quelques ouvrages, Le Droit fiscal, le Code civil suisse et code des obligations annotés et, pourquoi pas, Le Petit Robert ; tout autour un vide métallique. A chaque fois la même mise en scène : le notaire se fait attendre, finit par entrer, lit mot à mot les deux pages de l'acte dont il nous a donné préalablement une copie, nous tend un stylo, signatures à tour de rôle, Madame d'abord, Monsieur ensuite, c'est fait, ça marche ; c'est beau, c'est froid, c'est technique.

Jean-Claude Hesselbarth
Jean-Claude Hesselbarth dans son atelier | 06.08.2014

Sandra me dépose au Chalet-à-Gobet, se rend au collège ensuite ; je remonte avec la Yaris au Riau et travaille, presque sans interruption jusqu'à 17 heures, bien aidé par Elsa et Louise qui prennent en main les deux repas.
Passe un moment dans je jardin, les échafaudages sont dressés au sud et à l'ouest ; les monteurs reviendront terminer vendredi matin. Complète l'idée que j'ai commencé à me faire, hier, de la pratique actuelle du football, en suivant à la télévision l'autre demi-finale de la Ligue des Champions qui oppose le Real de Madrid à la Juventus de Turin. J'en sors réjoui, comme de chez le notaire ce matin : beau, froid, technique.
Alors que la nuit m'invitait au repos, c'est une autre nuit qui s'abat ; Lily m'envoie un message qui m'annonce que Jean-Claude est mort aujourd'hui. Elle ajoute que la présentation de l'ouvrage qui lui est consacré, ce vendredi 15 mai, à Grignan, est maintenue, en son hommage et en son souvenir.
Je t'embrasse Lily courage.

Jean Prod’hom