On en voudrait plus

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Cher Pierre,
Hier soir, nous sommes rentrés tous les cinq avec une une seule voiture. Je retourne à Froideville en fin de matinée récupérer la Nissan, sous une pluie bien serrée qui semble décidée à ne pas s’arrêter. Je traîne, à l’affût des couleurs.

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Il y a bien le vert tendre et brillant des mousses et l’orange cuivré des feuilles mortes accrochées aux rameaux des jeunes foyards, les flaques dans lesquelles le gris du ciel se fait presque bleu, un morceau de PVC du plus beau cyan : on en voudrait plus. A cet égard, les déchets de nos industries ont du bon par temps de pluie ; leurs œuvres sont durables dans la boue des chemins et les épines des bois, elles ont la couleur des ruches dans lesquelles les abeilles hivernent : rouges, bleues, vertes. Il y a aussi le jaune pissenlit des panneaux du tourisme pédestre qui nous promettent de plus longues promenades, le retour des papillons, des scabieuses et des centaurées. J’ai trouvé sur les bas-côtés du chemin qui mène à la Moille aux Frênes une dizaine de ces sachets jaune canari mis à la disposition des propriétaires de chien, qui les invitent à glisser les excréments de leur protégé dans une poubelle placée à côté du distributeur.
Je croise après la Route des Paysans quelques fantômes : deux dames bottées et encapuchonnées de noir qui promènent un chien à la laine blanche né, me précise l’une d’elles, des amours d’un bichon maltais et d’un coton de tuléar ; plus loin, lorsque je remonte de l’autre côté de l’un des nombreux affluents du ruisseau de la Rosse, entrent dans le bois un chien noir et une cape rouge sang avec, j’ose l’espérer, quelqu’un dedans.
J’arrive trempé, Lucette et Michel m’accueillent comme un rescapé, m’offrent un café, un croissant et un pain au chocolat, je ne m’attarde pas.
Au Riau, Arthur travaille dans sa chambre, Louise fait de la physique, Lili tourne les pages d’un horoscope. Je fais un feu pour me réchauffer et recevoir Lucie que Sandra va chercher à l’arrêt de bus au milieu de l’après-midi ; elle nous fait cadeau d’un gâteau des rois. On babille, elles organisent un prochain voyage à Londres. Je descends à la laiterie et nous préparons, Sandra et moi, le repas du soir : soupe, quiche, salade et tarte aux pommes.

Jean Prod’hom



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