Retour de la nuit au réveil



Retour de la nuit au réveil, avec les lampadaires publics et l'éclairage domestique dedans et tout autour, c'est le prix de l'horaire d'été, ce non-sens. Les filles dorment encore lorsque j'emmène Arthur au bus. Je continue jusqu'au Mont en essayant de chasser les réticences qui m'assiègent depuis quelque temps lorsque je me rends à l'école, fatigué des dysfonctionnements et des aveuglements qui minent cette institution. Elle me fait penser à un gigantesque vaisseau, plein à craquer, qui glisserait sans pilote sur une mer illimitée, sans obstacle pour l'arrêter. M'assieds dans la pénombre de la classe pour anticiper les questions qui vont se présenter ce matin. Je leur donne un nom, et ce qui me pesait s'allège. Le jour se lève.
Tente de régler une embrouille qui aurait pu infecter dans l'immédiat des relations entre adultes en proposant mes services pour accompagner des élèves au Tessin, assuré que ce coup de main se retournera plus tard jour contre moi. Quatre périodes ensuite, au cours desquelles j'essaie de ferrer le désir et la curiosité des élèves, c'est en définitive le gros et l'essentiel du travail de l'enseignant. Je ferme les yeux à midi, les rouvre à 13 heures, des élèves ont besoin de mon aide pour publier sur cocktail le billet de la semaine. Aimerait les refermer ensuite.
Je taille le pommier en espalier avant d'accompagner Lili à Mézières où j'annonce à sa maîtresse qu'elle ne fera plus de flûte à la rentrée scolaire, mais du piano à Oron. S'il n'y avait eu ces mots, cette journée n'aurait, je crois, pas existé. Mais ces mots ne la chargent d'aucune valeur, ils m'auront permis simplement de fixer les contours de ce qui fut et de ne plus rien en attendre, sinon le jour qui va suivre.

Jean