A Bottens, ils ont tout fait à double

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Une femme est penchée sur la tombe de sa mère dans le cimetière catholique de Bottens. Je la salue, elle ne semble pas pressée, on parle de la réforme dans la région, de l'intelligence des habitants mais aussi de leurs divisions. A Bottens, ils ont tout fait à double, deux églises et deux cimetières, deux écoles jusqu'en 1969, longtemps deux cafés, deux épiceries et deux laiteries. L'orpheline parle doucement, non pas tellement par crainte que son père ne l'entende, mais pour ne pas le déranger. Sa mère a été la première femme à voter dans le canton de Vaud, c'était en 1959 à l'occasion d'une élection partielle. La télévision et les journalistes qui l'ont interrogée ont immortalisé la scène. On parle encore, avant de se quitter, du vieux curé de Poliez-Pittet, un prêtre dont on ne retrouve pas le nom et que j'ai rencontré à plusieurs reprises il y a une quinzaine d'années. Un veuf passe en coup de vent, un chien en laisse, arroser les fleurs de la tombe de sa femme.
Dans le cimetière protestant, au bout du village avant de redescendre à Malapalud, une veuve protestante entretient la tombe de son mari, j'hésite, pour plaisanter, à faire un signe de croix en la croisant. Renonce, tout n'est pas oublié malgré les dénégations de chacun.
Mange sur la terrasse du Lion d'Or à Montricher, une bande d'artistes y débarque, engagée pour un mariage qui aura lieu dans l'après-midi sur la route du Mont-Tendre. Ils finissent par parler, comme tout le monde ici, de la Maison de l'Ecriture. L'un d'eux se propose d'envoyer son CV, on ne sait jamais, les autres viendront le voir aux frais de la princesse.
Montricher est constitué de trois parties, le Grand faubourg et le Petit faubourg qui encadrent le Bourg que dominent l'église et les ruines du château. De larges terrasses orientées sud-sud ouest s'ouvrent sur une vague qui ondule jusqu'au lac. Je penserai tout au long de l'après-midi à Dhôtel et à la Grèce.
Il avait 26 ans, il marchait au milieu de la route au centre-ville de Genève, il s'est fait embarquer par la police dans un hôpital psychiatrique du côté du Salève, il n'en est jamais vraiment sorti, troubles bipolaires, dit-il, ça dure depuis vingt ans. Cet homme gavé de médicaments et qui visiblement souffre m'embarque dans un délire dont je ne perçois pas tous les carrefours, t'es un vert toi, vert ça passe, orange tu rouges, je lui offre une eau minérale sur la terrasse de l'Hôtel des 2 Sapins. Je le recroiserai à mon retour du Mont-Tendre, près de la salle des fêtes où se déroule le mariage. Il est l'un des innombrables invités, il rayonne dans le parking coiffé d'un chapeau de cow-boy.
Vais et viens dans le village, monte jusqu'à la Maison de l'Ecriture, il y a encore un travail considérable, son ouverture est prévue pour juin 2013, je tiens cette information d'un employé de l'hôtel des 2 Sapins qui accueille à midi les employés qui y travaillent. Je passe au cimetière, entre dans l'église, photographie des fontaines, descends à la gare du BAM.
Rentre enfin, il est près de 18 heures, par Cossonay, Villars-Lussery où je discute avec un employé agricole de Montricher, qui me reparle évidemment de la Maison de l'Ecriture, du passage des semi-remoques chargés des nobles matériaux, de l'argent dépensé. Mais au fond il s'en fout, c'est pas son truc, il préfère regarder les chevreuils avec ses jumelles. M'arrête encore avant de rentrer à Daillens et à Saint-Barthélémy pour une belle moisson d'arrosoirs in situ.

Jean Prod’hom


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