A six heures



A six heures, le thermomètre indique un peu moins de 5°. Le feu a pris sur la chaîne des Vanils, le brouillard se tient à ses pieds, mais aussi de l'autre côté, à la lisière du bois, comme arrêté par le jour. Lili sort son lapin en répétant sa poésie sur l'escargot, ce matin c'est moi qui accompagne les petits à l'arrêt de bus, Marilyne s'est fait mal à l'épaule. Il en sera ainsi ces prochaines semaines Vais faire le plein sur la route de Berne, le prix de l'essence ne cesse de monter.
Je fais le ménage à la bibliothèque, mets à la poubelle des CDs qui n'ont servi à rien, aimerais bien ne pas avoir à travailler et sortir, suivre les traces du soleil dans le brouillard. Ai la sensation parfois d'avancer dans une impasse, dedans, peine à réévaluer ce qui est en jeu, dégager l'essentiel, retrouver le calme. Des tâches administratives m'attendent, elles ne pèsent rien mais encombrent mes heures.
Ébauche les consignes de l'examen de français avant de descendre à la cuisine sortir la tarte que j'ai mis au four à 8 heures. Remonte sauvegarder les travaux des jours passés en écoutant Gélinet évoquer avec son invité 1991, la disparition de l'URSS. Ecoute ensuite Gorbatchev qui raconte ses tentatives de sauver l'entreprise soviétique, le rôle ambigu d'Eltsine. Descends préparer le repas, Lili claque la porte, puis c'est au tour d'Arthur. Je mets la table.
J'enchaîne tout l'après-midi des petits travaux sans jamais avoir l'impression salvatrice de pouvoir en venir à bout. Récupère au bus Lili et Louise, avant d'avoir fait quoi que se soit, puis Arthur à 16 heures 30 que je descends à Ropraz. Passe une heure sous le portrait du général Guisan à l'auberge communale de Mézières. Deux tables derrière moi, des retraités passent en revue les problèmes du jour, prostate, veuvage, lessive, brandons, enterrement, croisières, ivresse, voisinage, étrangers. Il fait 16 degrés lorsque je vais récupérer le mousse, une lumière pâle rampe dans les prés, la ligne sombre du Jorat luit au dessus.

Jean