Eugène Burnand et Gustave Roud

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Cher Pierre,
Anne-Marie, la nièce de Louis Rossier, mon grand-père maternel, m’a fait parvenir un petit « sac » en papier sur lequel elle a écrit les mots suivants : Jean, en recevant ton livre, j’ai réalisé que je ramassais de jolies pierres, me souviens avoir ramassé en 1976 un tesson sur un site très ancien en Egypte, fais-en ce que tu veux, je lui donne une dernière chance. Amitié. Anne-Marie.

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Ainsi, ce dont j’ai voulu me tenir à l’abri me rejoint ; et d’en avoir témoigné m’oblige à ne pas repousser ces orphelins recueillis par des êtres bienveillants qui, au soir de leur vie, veulent une fois encore faire plaisir, en remettant des objets qui n’ont pas tout à fait répondu à leurs attentes mais que Charon refusera de charger sur sa barque. Je les accepte naturellement, pour leur plaisir et le mien, ils iront rejoindre leurs compagnons dans une casse d’imprimerie.
Sur la route qui me conduit au musée Eugène Burnand, par Hermenches et Rossenges, je songe aux joues émaciées de Gustave Roud et à celles rondes d'Eugène, tout me semble dit. Inutile d’exagérer ce qui les distingue, de choisir l’aîné ou le cadet. C’est une paille ou une montagne qui les sépare, que chacun d'entre nous brandit pour s'assurer d’un camp, sur l’une ou l'autre rive. Inutile vacarme ; car si on entend très distinctement Eugène chez Gustave, c’est Eugène qui ouvre les portes de son musée, aujourd’hui, à Gustave.
À l'étage, on entend une autre rumeur, on fête Pablo, toute la communauté portugaise de Moudon est là, je m’y serais volontiers arrêté. J’emprunte le sentier du Comte vert jusqu’à la Broye, l’équipe féminine locale affronte celle Aubonne ; les secondes assoient leur domination et retourneront ce soir sur la Côte avec une victoire.
Je peine à imaginer ce qu’il aura fallu d’ajustements pour que la Broye, le petit Pablo, des équipes de football féminines, Eugène et Gustave, la prétention des uns, la modestie des autres et cette belle après-midi d’automne coexistent ici dans le Jorat. Je m’en réjouis.

Jean Prod’hom


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Gustave Roud

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Gustave Roud

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