Tu es celle qui verse l’eau

lutry-erable-racines

Les avalanches bousculent les prévisions, jamais l’inverse ; tu répétais en souriant que l’orage n’était que par accident un mot de cinq lettres, tu nous racontais aussi qu’enfant tu entrouvrais les portes, celle du logis verrouillée par la peur, celle de la nuit aveuglée par les livres.

Sortir la tête de dessous le lit, reprendre son souffle, par paliers, c’est-à-dire en empruntant les marches sans contre-marches de l’escalier qui monte de la cave. A contre-sens. Jusqu’au bout. Là où le regard embrasse la mer, la terre et le ciel tout entiers. Ne pas plonger. Ils sont tous là en bas sur le rivage. Les rejoindre par le sentier qui zigzague dans la lavande. Ne toucher à rien.

Tu es celle qui verse l’eau.

Jean Prod’hom