Souvent au réveil

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Souvent au réveil, la raison instille un doute sur la valeur de nos rêves, tourne au ridicule les aventures de nos nuits, sans qu'elle ne succombe jamais, elle-même, à cet autre rêve, le jour qui se lève, la rumeur, l'amitié. L'homme risque ainsi, chemin faisant, de passer à côté de la nuit, à côté du jour.

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Lorsque j'ouvre l'œil dans la chambre blanche, j'aperçois sur le bois du cadre de la fenêtre ouverte un grand oiseau silencieux, la plume gominée, immobile. Je fais un geste pour avertir Sandra de ce petit miracle qui s'envole.
Dernière balade ardéchoise, café à l'ombre de deux mûriers. Retour laisse tendue, me prends pour un dresseur de chien, fais un pas dans l'acceptation de cette bête qui confirme à chacun des siens la justesse des observations de Pavlov auquel il convient parfois de se rallier.
Un paysan sur son tracteur, les oreilles sous des pamirs, effeuille ses vignes. Un ouvrier comble une tranchée dans une cour, il nous parle des frasques de son Jack Russel. Des campeurs gras et gros moulinent leurs jambes épaisses, suent, on est loin du charme discret de la bourgeoisie.
On repart pour une série de 24 sandwiches, dernier pique-nique sur les rives du Chassezac. Un dernier bain, sans le bateau qui a fondu pendant la nuit, 37 degrés.
On rentre par la D579, une départementale sans caractère comme la plupart des routes départementales, Ruoms, Balazuc, Saint-Maurice d'Ardèche, puis Voguë sur l'Auzon et la D103, Saint-Germain, puis la N 102, une semi-autoroute qui longe l'Auzon presque à sec, puis s'enfonce dans un espace sacrifié, on laisse sur notre droite le lit creusé par l'Escoulay, on devine Alba-la-Romaine, j'aperçois dessus la route les necks basaltiques de Sautré, et puis Montélimar, Valence et Genève.
Il est vingt et une heures trente lorsqu'on arrive au Riau, les enfants donnent un coup de main avec le sourire pour vider la voiture, c'est nouveau. Un thé et au lit.

Jean Prod’hom

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