Les orages de cette nuit

Image 20

Les orages de cette nuit ont malmené les moteurs du téléphérique de Pra Perron, cette panne nous oblige à monter en voiture. Télésiège ensuite jusqu'à la Braye où Edouard et Françoise nous quittent avec le projet de descendre à pied sur l'Etivaz. Tyrolienne pour Sandra et Arthur, Lili n'est pas mécontente de ne pas faire le poids, ce n'est pas le cas de Louise qui rage de ne pas avoir le coeur qui se soulève en se jetant dans le vide. Trente kilos sur les chevilles sont nécessaires pour ne pas se retrouver suspendu dans le vide au milieu du ciel.

IMG_0758

Joie ensuite, mitigée, le long d'un de ces sentiers didactiques qui ne font sourire que ceux qui les conçoivent, c'est le sentier des fourmis, un sentier pour occuper les familles, mais on n'en croise aucune. Les panneaux sont délavés, on devine pourtant des illustrations sorties tout droit de manuels scolaires des années 1960.
On accueille Lucie à la gare de Château-d'Oex, ses parents, Sandra, les enfants et moi, avant une de ces petites diasporas qui font tant de bien : les uns se baladent tandis que Francoise et Edouard font des courses, je cherche une terrasse agréable pour écrire ces notes. M'arrête finalement devant un bâtiment mis sous vide, ce n'est pas l'installation d'un épigone de Christo, mais l'hôtel Beau-Séjour, vide depuis des années. Il est démonté morceau par morceau : parmi les composants du crépi extérieur et de la colle des catelles qui revêtent les salles d'eau et les cuisines, on a trouvé de l'amiante.
Madame Paltenghi prépare le vernissage de demain, Piero Mosti, un peintre de Massa di Carrara expose ses huiles. Les tableaux sont en place : des cabanons abandonnés, des saignées de colzas, l'éclosion de coquelicots, des friches entre terre et mer, des lignes qui s'arrêtent, des sillons oubliés dans lesquels quelque chose pourtant se maintient. Germination. Que penser de cela ? Je ne pense pas, je passe, comme la collectionneuse et le peintre, vies minuscules, galeries vides, bonne volonté, et puis c'est tout. Mais pourquoi diable s'est-on rencontrés ?
Petite dépression sur le chemin du café de la Lécherette, la modeste chapelle du village affiche le numéro 7 sur la façade qui s'ouvre sur Jérusalem. J'espérais, naïf, qu'il restait des refuges de par le monde.

Jean Prod’hom


IMG_0754 IMG_0719
IMG_0750 IMG_0728

IMG_0772 IMG_0771
IMG_0775 IMG_0773
P1090337 IMG_0756