Laisser l'éducation des enfants pour celle des chiens

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Promenade matinale à Tournayres. On est en mesure d'annoncer à nos hôtes une journée de toutes les chaleurs. Les garçons n'écoutent pas, ils rêvent sur le balcon, des haut-parleurs perchés sur une camionnette annoncent urbi et orbi la présence prochaine des monsters truck, les enfants n'ont saisi ni le jour ni le nom du village qui accueillera ces brigands, tant mieux, la question est donc réglée. Les filles défilent avec leur nouvelle robe ou leur nouveau pantalon achetés hier aux Vans, Jeremy est au pain.

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Oscar est dans son panier, il a croisé ce matin sa première voiture sans être tenu par une laisse, il va nous falloir le préparer encore à d'autres épreuves. Et si tout se passe bien, j'envisagerai sérieusement de laisser l'éducation des enfants pour celle des chiens.
Suzanne a réservé pour ce soir une table à Balazuc. Pour le reste mon épicondylite prend racine et je me réveille avec des courbatures, ah ! les beaux jours.
Lis en début d'après-midi les premières pages du Journal de Gide où je retrouve Pierre Louÿs, mais le poids du volume de la Pléiade est tel qu'il m'oblige à laisser tomber, je m'endors. On s'attelle, Jeremy et moi, à la confection des 24 sandwiches réglementaires qu'on emmène sur les bords du Chassezac, on y reste jusqu'au soir, Sandra et Suzanne s'essaient à la pêche sans grand succès.
On part pour Balazuc plus tard que prévu si bien qu'on mange, sous des micocouliers, à neuf heures passées. Le patron de la paillote est William Claveyrolat, frère de Thierry, suicidé quelques années après l'arrêt de sa carrière sportive. Un grand coureur, précisent les coupures de journaux intercalées dans le menu : maillot à pois rouges dans plusieurs Tours de France, surnommé l'aigle de Vizille, rival de Greg Lemond et de Sean Kelly, trahi par Laurent Fignon, disent les mauvaises langues, lors du championnat du monde 1989 à Chambéry.
On fait une balade dans le village éteint de partout. Personne. Si, un crapaud qui cherche un peu de fraîcheur près d'une bouche d'égout, mais aucune de nos filles ne veut l'embrasser. On entend bientôt une voix grave, celle d'une dame ou d'un monsieur qui nous parvient de l'église romane, on s'approche, c'est celle de Barbara Deschamps, on l'écoute sur le seuil, il fait chaud, la porte est ouverte. C'est la fin de son tour, elle passe aux aveux, elle chante depuis trois ans, a toujours voulu réaliser ce rêve, c'est fait, une dernière chanson, un dernier couplet : Fais ce que tu veux pour autant que tu ne déranges personne, mais fais-le, tu pourrais sinon le regretter. On applaudit, les spectateurs sortent, j'entre jeter un coup d'oeil.
Il est près de minuit, on boit un dernier thé, c'est que demain on s'en va.

Jean Prod’hom



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