Laïus, topo et cliché

Derrière les murs (8)

Je me trouve dans le bureau où se trouvent tous les documents concernant la maison. La vieille dame qui m’accueille (si on peut appeler ça un accueil…) me fait attendre pendant qu’elle va chercher le dossier. Ça doit faire déjà 20 minutes que j’attends et je commence à perdre patience. Soudain elle revient, chargée comme une mule et me demande de lui donner les papiers qui certifient que je suis l’acheteur et ma carte d’identité.
Zut ! Je l’ai oubliée chez moi ! Je la supplie de passer au-dessus de cette formalité mais elle refuse ; elle ne lâchera pas un mot sur cette maison tant que je ne lui aurai pas donné ma carte d’identité. Je peste mais me résous à aller quand même la chercher ; de toute façon je n’ai pas le choix.
Je roule à une vitesse assez conséquente avec ma vieille Toyota. Puis, car ce jour-là est irrévocablement destiné à m’embêter, ma caisse s’arrête. Je descends et regarde dans le moteur : un tuyau a pété et je n’en ai pas de rechange sur moi. Après avoir traité ma voiture de gentil toutou (ce qu’on appelle de la censure), je continue à pied ; ma maison n’est heureusement plus qu’à 15 minutes de marche. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas en mesure de retourner dans le bureau de cette vieille maniaque, sans voiture et sans courage.
Quand, tout à coup, là, au bord de la route, j’aperçois la vieille Jeep usée derrière laquelle je m’étais réfugié la première fois que j’ai pénétré dans le hangar. Il ne fait aucun doute là dessus ; c’est elle. Je n’avais pas mémorisé le numéro de plaque mais elle est de la même couleur terne, avec les mêmes taches de rouille sur les pare-boue et avec ce même aspect inquiétant. En m’agenouillant derrière, dans le hangar, j’avais laissé un indice qui peut maintenant me certifier que c’est bien la même voiture ; en m’agenouillant, j’avais appuyé ma main sur la carrosserie couverte de poussière, y laissant forcément mon empreinte. Je scrute la carcasse de la voiture.
La voilà ! C’est donc bien la voiture de Cruella. Avec eux dans les parages, je ne suis pas tranquille. Vivement qu’on en finisse ! Mon instinct de survie me crie dessus pour que je parte le plus loin possible, et même plus loin encore, mais je désire en savoir plus sur leurs agissements. Malheureusement, ce tacot est au milieu de nulle part et je ne vois absolument pas où ils pourraient être. Je me gratte la tête pour rassembler mes idées (je vous l’accorde, ça ne sert à rien) quand, brusquement, j’entends des bruits de pas derrière moi. La première chose qui me vient à l’idée, c’est de me planquer derrière la voiture mais je saute derrière un bosquet, ne me demandez pas pourquoi. C’est un mec qui fait du jogging, fausse alerte. Je sors alors des fourrés, mon pied se prend dans quelque chose. Je m’encouble et tombe.
Purée ! Ça m’énerve ! Je me relève et regarde sur quoi je me suis accroché. Une poignée en métal. Comment se fait-il qu’il y ait une poignée en métal ici ? Je dégage un peu la terre à côté et je découvre alors une trappe. Elle est bloquée par un gros cadenas. Je le saisis et il s’ouvre tout seul. Sûrement une technique pour décourager les gens d’ouvrir cette bouche d’égout. J’empoigne l’anse et je tire de toutes mes forces. Rien. J’insiste encore et la trappe s’ouvre. Voilà où les détenteurs de la voiture sont allés. C’est un puits avec des échelons rouillés. Je descends dans l’ombre. Cette fois je n’ai pas ma lampe avec moi. Tant pis, je me dirigerai grâce à mes mains.
Je touche le fond. J’ai dû descendre environ trois mètres mais la lumière est quand même semi-présente. Il y a deux directions : gauche et droite. Je choisis gauche car je suis gaucher (Eh oui les amis !). J’avance à tâtons et je tombe sur une porte. Je l’essaye mais elle est fermée à clé alors je fais demi-tour. Je trouve alors une autre porte et je l’ouvre. Rien, absolument rien, à part si on considère un vieux journal comme quelque chose d’important.
Cette piste n’a mené nulle part. Je sors de ce trou perdu, au sens propre et figuré, et reprends la route. C’est déjà 17:43 et je me hâte jusque chez moi.
J’en peux plus. Ça fait deux jours que j’ai l’impression que tout est contre moi.
Je tente le tout pour le tout. Je sors mon natel et j’appelle la police. Je leur dis de venir tout de suite et attends dans le salon.
Ils arrivent et je les mène à l’endroit où je les avais aperçus la première fois puis nous montons jusqu’au hangar. On les prend par surprise totale si bien qu’ils n’ont même pas le temps de dire quoi que ce soit. Ils les emmènent et me disent que c’était des malfaiteurs qui trafiquaient toutes sortes de marchandises déjà depuis plusieurs années. Les policiers me remercient, m’annoncent que je vais recevoir une petite récompense et partent.

Moi, je me retrouve tout seul sans plus aucun bruit venant me déranger… à ma plus grande satisfaction !

Fin

Loïs et Xavier

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