Laïus, topo et cliché

Derrière les murs (6)

Il me faut une minute de repos. Ça fait plus d’une heure que je réfléchis à toute vitesse et, franchement, je pense que ça nuit à mon jugement. Je suis en train de douter de quelque chose dont j’étais parfaitement sûr. Là, ça ne va plus. Plus du tout. Prenons une minute pour réfléchir à tout ce qui vient d’arriver, depuis mon arrivée ici au manoir. Le manoir, tiens ! Il est à moi, preuve irréfutable que ces individus sont malhonnêtes. Oui, mais non, ça ne prouve rien en fait. C’est peut-être le vendeur, le plus louche dans l’histoire. Je suis en train de réfléchir autant qu’à un contrôle de géographie, alors que je viens de déclarer que je devais me calmer.

Qu’est-ce que je fais ? Je pourrais peut-être juste tenter de deviner ce qui se trouve dans ces caisses sans me faire voir… Bon, vu les événements récents, ce n’est probablement pas une bonne idée… Que faire ? Et si je leur demandais: « Bonsoir, vous êtes des méchants ou des gentils, c’est pour savoir si je peux vous dénoncer à la police ? » Remarque, si ils me tirent dessus, je serai fixé… Et si j’imitais un agent de police, ils hésiteraient peut-être. Bon, je vais pas moisir ici plus longtemps. Je me lève et me dirige vers la petite porte. L’ont-ils fermée à clé ? Elle s’ouvre. J’ai de la chance... ou pas. Un couloir. Je le prends, toujours dans l’obscurité. Des escaliers. Je monte, marche par marche et, soudain, comme un vieux cauchemar qui se réveille au plus profond de vous-même, les pas reviennent, réguliers et menaçants. Je ne ferai pas demi-tour cette fois. Mon pas se fait plus pressé à mesure que les bruits se rapprochent et, tout d’un coup un petit placard me tend la main, comme pour me dire: « Allez mon gars, continue! » Je me faufile à l’intérieur. Les voilà, mais ce n’est pas les mêmes. C’est deux gars, bâtis comme des armoires à glaces. Peut-être est-ce les « déménageurs » dont parlait la femme. Ils s’arrêtent juste devant ma planque et l’un des deux colosses fouille à tâtons. Je sens le souffle que sa grosse main poilue génère, j’en ai la chair de poule. Il pourrait sûrement me broyer la tête dans une de ses « pelleteuses ». Il retire sa main avec un objet que je mets un moment à reconnaître. Une lampe de poche ! Le gars l’allume, heureusement pas dans ma direction, et les deux mecs repartent. Les pas s’éloignent, je me détends un peu. Peut-être y a-t-il une autre lampe ici. La mienne est restée dans le passage que j’ai découvert. J’en aperçois une autre. Pour une fois, ce sont ces types louches qui m’ont rendu service. Je sors de ma cachette et jette un coup d’oeil au-dehors.

à suivre...
Loïs et Xavier

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