Julie

Quand j'étais...

Quand j'étais petit
Je cours m'enfermer dans ma chambre avec Adeline. Nous entendons les pas de papa dans l'escalier.

J'ai peur.

La porte s'ouvre brusquement et papa entre. Il prend Adeline par le bras et la gifle. Je la regarde pleurer en silence. Puis, papa se retourne vers moi. Il est grand et musclé. Il a l'air d'une grosse brute, il porte une bouteille d'alcool et a le regard haineux. Je ne le connais pas, je ne l'ai jamais connu et je ne le connaîtrais jamais. Il hurle mon nom:
«Joseph !»
J'entends maman pleurer en-bas des escaliers. Il me frappe et d'un pas rageur il redescend.
Je suis resté recroquevillé sur moi le reste de la soirée.
Le lendemain je descends. Elle est assise à la fenêtre et regarde dehors. Elle se retourne et me sourit:
«Il est partit...»

Thomas


Quand j'étais adolescent
Il y avait cette fille, Marlène, la plus belle de la terre, la plus brillante et la plus jolie de la classe... Cheveux noirs, des yeux bleus couleur saphir tellement beaux qu'on pouvait s'y perdre dedans... Elle avait tout pour elle, la beauté, la grâce, la douceur et l'élégance... Elle avait tout les garçons qu'elle voulait mais elle ne s'intéressait pas à eux et refusait leurs invitations avec élégance. Elle commençait à avoir l'habitude, un jour, je me suis lancé.

J'ai peur.

Je lui ai parlé. On a parlé. Longtemps, très longtemps... On est restés ensemble pendant cinq ans. Un jour, en allant la chercher pour aller à l'école. Je sonne et sa mère me répond en pleures:
«Son père est venu la chercher ce matin pour l'amener dans sa nouvelle maison...»
Je sentis comme un grand vide en moi.
Sa mère me dit enfin:
«Elle est partie...»


Julie

Quand j'étais adulte
Quand j’étais adulte,
Ils l'ont annoncé à la radio, mais de toute manière tout le monde sait que ça a déjà commencé. Ils commencent à envahir la Pologne. Le mot camp de concentration est né. Les journaux de la résistance apparaissent. Bref, c'est un beau foutoir! Et on peut pas dire que j'étais chanceux. Vu que Amir, 3ème du nom et «grand-père super absent pendant mon enfance» était Juif, ce qui fait de moi un bâtard. On se cache, on court, les gens partent trop vite.

J'ai peur.

Ca y est. J'espérais tellement que ça n'arriverais jamais mais ma fois, tout a une fin. Je viens de me faire choper. Je fais un pas dans le train, quand soudain je vois une femme. Cheveux noirs, des yeux bleus couleur saphir tellement beaux qu'on pouvait s'y perdre dedans... Elle avait tout pour elle, la beauté, la grâce, la douceur et l'élégance. Je me suis assis à côté d'elle. Je lui dis:
«On est parti... »

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Jérôme

Quand j'étais vieux

Je regarde les lumières de la ville. J'ai 85 ans et ma vie a été bien remplie. Personne n'est là pour me dire au revoir. Je guette la porte, dans l'espoir qu'elle s'ouvre et de voir quelqu'un entrer. Personne. C'est peut-être mieux comme ça.

Je n'ai plus peur.

De toute façon je n'ai plus rien à perdre. Je me remémore tout ce que j'ai vécu. Cette nuit où il est partit de la maison. C'était la seule fois où j'avais eu envie de sourire en parlant de lui. Ce jour où je suis parti à mon tour. J'ai pas eu la vie facile, trop de consternation... J'ai aussi vécu des choses magnifiques. De toute manière le moment est proche. Je suis soulagé, trop de souffrance. Surtout vers la fin. Mon dernier regard se porte sur l'horloge. 22H34. Je me demande à quoi pense les gens dans ma situation. Moi à tout ce que je pense c'est que là, juste maintenant, je vais arrêter de penser à ma vie. J'arrête de penser tout court.

Julie, Jérôme et Thomas

Nos textes sont tristes, à vous de rajouter l'étincelle qui vous fera sourire.


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