Nettoie !
Interview de Mme Serpillère

Interview de Mme la Serpillère
Moi: Bonjour Mme Serpillère, comment allez-vous ?
Mme Serpillère: Bien, bien, merci, mais vous savez, vous pouvez m'appeler Sally.
Moi: Sally, aujourd'hui, je vous interroge dans le but d'en savoir un peu plus sur votre quotidien, car on s'y intéresse peu, mais il nous est indispensable pour des mesures d'hygiène...
Sally: Pour sur ! Avec toutes ces saletés que je ramasse dans ma jupe, je peux vous dire que sans moi, vous vivriez dans une porcherie ! Entre les traces de boue, le chocolat fondu, la bave du bébé, les vomi du chat lorsqu'il a trop mangé, et j'en passe !
Moi: C'est donc un métier plutôt pénible que vous avez ?
Sally: Ah oui ! Mais je sais que certains souffrent plus ! Tenez mon oncle, il est brosse à toilettes, lui, on peut dire qu'il en bave ! Mais il me le répète souvent: c'est une question de souffle: savoir retenir sa respiration et la reprendre au bon moment pour ne pas finir noyé. Il faut aussi avoir la tête dure, et aller très souvent chez le coiffeur pour entretenir une coupe en brosse parfaite.
Moi: J'imagine, j'imagine, mais...
Sally: Et ma cousine Guiseppa, elle ramasse la poussière dans un château, il y a pourtant des visites, mais certaines pièces n'ont aucun succès, et je ne vous raconterai pas le congé maladie qu'elle a du prendre à cause de son asthme ! Enfin si, je vais vous le raconter.
Moi: Euh... alors faites court, je ne veux pas non-plus faire un roman d'une centaine de pages...
Sally: Mais non bien sur (rire) ! Je sais que je parle beaucoup, mais voyez-vous, ce sont mes origines italiennes, là-bas, tout le monde parle beaucoup et avec les mains, mais comme je n'en ai pas...
Moi: Oui oui
Sally: Ah oui, le congé maladie de ma cousine, et bien tout a commencé quand elle s'est rendue compte qu'elle était allergique à la poussière. Puis, après quelques tests chez le médecin, elle a appris qu'elle souffrait aussi d'une allergie aux acariens. Je ne vous explique l'horreur et tous les médicaments qu'elle a du prendre !
Moi: Zzzz...
Sally: Vous m'écoutez ?
Moi: Oui oui, mais vous ne voudriez pas...
Sally: Parfait, j'ai eu comme un doute à un instant. Comme je le disais, elle a du prendre beaucoup de médicaments. Et quand elle c'est mise à aller mieux, elle a attrapé un lombago. Et par la suite, elle a faite une bronchopneumonie... ah, la pauvre, elle ramasse toutes les maladies qui passent...
Moi: Un peu comme la poussière...
Sally: Si ce n'était que ça...
Moi: Il est déjà tard, votre salon est très joli et ce vous me racontez est très intéressent, mais je vais devoir rentrer...
Sally: Vous ne voudriez pas une tasse de thé ? Il vient tout droit de Chine. C'est mon amie Carla qui me l'a rapporté. Comme elle est théière, elle s'y connait, figurez vous que l'autre jour il lui est arrivé une de ces histoires ! Ah, il faut que je vous raconte ça...
Hélène
Et pourtant elle tourne
Je tourne, je tourne et je retourne. En rond. Sans cesse ma gueule est gavée. Peu ou beaucoup. J'ai beau ne rien avaler, on continue d'enfourner, de remplir, de bourrer. Certes toutes cette eau devrait faire passer le tout. Mais je suis las d'être engraisser, saturé, rassasié....
Moi qui aime la vie, les microbes, moi qui aime la boue, les taches, les souillures.... Je ne peux conserver confiture, tomates et chocolat, trace d’herbe et de terre.
Et toute cette lessive, ces odeurs écœurantes de savon, de faux pin et mauvaise lavande, de pseudo citron ou de quasi vanille, de fleurs et de forêt inexistantes...
Pourquoi suis- je née machine à laver, combien de réincarnations devrai-je encore subir avant de devenir saladier, poêle ou encore casserole ? Avant de découvrir un monde gouteux, odoriférant et vivant.... miam miam
Adrien
L'aspirateur
Le contact est fait. Des électrons se mettent à tourbillonner uniformément dans une bobine de cuivre et déjà un vrombissement crescendo puis constant résonne dans la cuisine. L’air circule dans un bruit assourdissant et soudain je quitte le sol froid comme aspiré par un monde qui se soulève tout entier. Je m’engouffre dans un tunnel profond vers l’inconnu. Le bruit se rapproche et paraît de plus en plus net à chaque virage. Je suis meurtri par des parois qui semblent me frapper de toute part et l’obscurité se fait de plus en plus noire. Puis le bruit s’étouffe, comme mangé par l’endroit ou je me trouve. Ce bruit continue à résonner mais je ne ressens que ses intenses vibrations. Me voilà fini. Je suis en terre inconnue et ici l’air est irrespirable, chaud.
Le périple d’une saleté avalée par un appareil que nous connaissons tous, que nous avons apprécié, peut-être utilisé, qui a bercé notre enfance ou qui nous a empêché de regarder la télé ou de dormir tranquillement mais à qui nous devons beaucoup. Le sol propre que nous pouvons fouler à pieds nus en toute sécurité.
Lucas
La pelle
Je suis une pelle,
Mais je vous assure je n’ai pas vraiment la vie belle
La journée entière, je tourne la terre
Et parfois j’y croise des vers de terre
Quand je tombe sur l’argile
Ce n’est pas toujours facile
De temps en temps, de guerre lasse
Ma tige se casse et on la remplace
Parfois vers 12 heures
J’aide les fossoyeurs
Et quand je travaille dans le cimetière
Je n’ai plus qu’à me taire
Quand un petit enfant joue et s’amuse
Je me laisse faire et je m’use
Je cesse de me lamenter
Je n’ai plus qu’à creuser
Colin