Dimanche 24 janvier 2010



Je n’irai pas à Lourdes déposer mes difficultés, mes questions, mes soucis et ceux de mes proches, je ne me confierai pas à la Vierge Marie qui « médite toutes ces choses dans son coeur » et les transmet à son Fils. Je n’irai ni en pèlerin-malade, ni en hospitalier, ni en pèlerin heureux, ni en avion ni en train blanc de Sion ou de Genève, ni de jour ni de nuit, ni en car, je ne partirai ni dimanche ni lundi, je ne bénéficierai pas des offres préférentielles liées à mon âge et à mon état, je ne verserai pas les 14 francs pour l’assurance accident, décès, invalidité et frais de guérison, ni les 30 francs pour l’assurance annulation qui m’aurait évité de payer les 600 francs de couverture en cas d’empêchement de dernière minute. Je ne bénéficierai pas du transport de la gare ou de l’aéroport à l’hôtel et vice-versa, du logement dans de bons hôtels de rang moyen, des insignes, des documents, des pourboires et des taxes de séjour compris dans ce beau forfait voyage – à l’exception des boissons c’est bien de l’avoir précisé. Je ne préparerai pas ce pique-nique que vous avez conseillé aux usagers du car – c’est à l’entreprise Etoile filante que serait allée ma préférence.
Chers pèlerins, je ne vous retrouverai donc pas sur le seuil de la Grotte de Massabielle en mai prochain. Ce n’est pas parce que je n’en ai pas envie, ou que je ne trouve pas de solides et hautes raison, ce voyage à Lourdes est à coup sûr une immense expérience pour celui qui l’entreprend, qu’il soit malade ou pas.
Mais qu’on doive s’y rendre en prévoyant un billet de retour me bouleverse. Si je suis amené à faire un jour ce voyage à Lourdes, c’est d’abord pour ne pas en revenir comme je m’y suis rendu. Je ne veux pas de forfait aller-retour, je ne veux pas de forfait, je ne veux pas d’assurance sinon celle que j’en reviendrai par d’autres chemins.

Jean Prod’hom