L’automne à Pra Massin



On lui avait remis autrefois solennellement des interrogations, l’homme, la vie, le bonheur, l’amitié, elle n’en avait alors pas plus saisi le sens que plus tard la question de l’être, qu’elle avait tenues à bonne distance des années durant.
Elle en percevait l’écho aujourd’hui, lorsque fourbue, assez démunie pour tendre l’oreille au murmure de ce qui s’éloigne, elle croisait le cours tortueux d’une rivière au-dessous des brouillard de novembre, jaillissant hors des ronciers au détour d’un chemin, débordant sans ralentir, des perles plein les poches. On n’est jamais aussi près du plus lointain que lorsqu’il nous hèle dans le brouillard de novembre.

Jean Prod’hom