Ça sert à ça la langue

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Mots de fin de saison, usés, collés au palais, racines coupées, à peine des mots, impossible de s’en défaire, trop désarticulés pour les saisir entre les dents. Les détacher pourtant, par la force, les détacher de la nuit du dedans, par la bouche, et les écrire avec la langue, ça sert à ça la langue, se débarrasser des coques vides. On les croyait quelconques alors qu’ils repiquent sitôt jetés, lancent un premier éclat avec dedans un surcroît d’expérience, c’est une bande de coquelicots qui squattent un champ de pois sous les Terreaux. Un contexte strict qui ne les empêche pas de secouer leur tête rouge, une image de défaillant prise au hasard, inégale à elle-même, en plan, oisive et persistante.

Jean Prod’hom