Avec Sei Shônagon

Choses que l'on méprise

Une maison dont la façade est au nord.
Une personne dont les gens connaissent la trop grande bonté.
Un vieillard trop âgé.
Une femme frivole.
Un mur de terre écroulé.

Choses élégantes (26)

Sur un gilet violet clair, une veste blanche.
Les petits des canards.
Dans un bol de métal neuf, on a mis du sirop de liane, avec de la glace pilée.
Un rosaire en cristal de roche.
De la neige tombée sur les fleurs des glycines et des pruniers.
Un très joli bébé qui mange des fraises.

Choses que l'on entend parfois
avec plus d'émotion qu'à l'ordinaire
(54)

Le bruit de voitures, au matin, le premier jour de l'an. le chant des oiseaux. A l'aurore, le bruit d'une toux, et, il va sans dire, le son des instruments.

Choses qui distraient dans les moments d'ennui (64)

Les romans, le jeu de dames, le jeu de trictrac.
Un bambin de trois ou quatre ans qui parle gentiment ; ou encore un tout petit enfant qui babille et sourit.
Les fruits.
Un homme facétieux et bavard est venu me voir, et bien que ce soit pour moi un jour d'abstinence, je l'ai fait entrer.

Choses qui sont proches, bien qu'éloignées (85)

Le Paradis.
La route d'un bateau.
Les relations entre un homme et une femme.

Choses qui ne font que passer (132)

Un bateau dont la voile est hissée.
L'âge des gens.
Le printemps, l'été, l'automne et l'hiver.

Sei Shônagon, Notes de chevet, Gallimard, 1966

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