Géographie

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Le passage du Nord-Est



Beaucoup de bruit pour cette première. Le Yong Sheng, un cargo mixte de 19.000 tonnes de port en lourd et de 149 mètres de long, appartenant à l’armement public chinois Cosco, est actuellement en train de franchir le passage du Nord-Est. Celui-ci est situé dans l’océan glacial arctique, devant les côtes sibériennes entre le détroit de Béring (qui le sépare de l’océan pacifique) et le détroit de Kara (qui le sépare de la mer de Barents). Le Yong Sheng a appareillé le 8 août de Dalian et devrait rejoindre le port de Rotterdam le 11 septembre prochain, au terme d’un voyage de 33 jours. Sa route habituelle, via le canal de Suez, dure 48 jours.
 
296 navires en 2013
 
Il ne s’agit, et de loin pas, du premier navire à emprunter ce passage, qui se libère à l’été avec la fonte de la banquise. Le passage du Nord-Est devient de plus en plus naviguable, chaque été voyant la glace reculer davantage. Contrairement au passage du Nord-Ouest, au Canada, qui est très encombré de packs de glace rendant la navigation très dangereuse. Le passage du Nord Est est contrôlé de près par la Russie. Le code de navigation du commerce russe intègre ainsi un texte spécifiquement dédié à ce transit, qui s’applique à l’ensemble des navires voulant l’emprunter. Une administration a été créée pour la seule mission de régulation et de surveillance du passage.
Celle-ci est notamment en charge d’accorder les permis de traverser et d’organiser l’escorte – obligatoire et onéreuse – par un brise-glace, des navires en transit. Cette année, elle a accordé un droit de passage à 296 navires, dont 46 ayant effectué le trajet d’un bout à l’autre. La grande majorité des navires croisant dans la zone sont en effet des caboteurs russes qui desservent les ports sibériens. On est encore très loin du trafic de Suez ou de Panama.
 
 
50 millions de tonnes en 2020 ?
 
Au-delà de l’épiphénomène médiatique créée par la nationalité de ce navire, il est cependant intéressant de constater que les études sur la zone se multiplient : des experts prévoient ainsi que le passage du Nord –Est pourrait voir transiter 50 millions de tonnes de marchandises en 2020 contre 1.26 million l’an passé. Les réserves d’hydrocarbures de la zone y joueront sans doute un rôle, les autorités russes misant beaucoup sur ce nouvel eldorado septentrional. Symbole de cet intérêt grandissant, le secrétaire général de l’Organisation Maritime International a passé une partie de son été sur un brise-glace croisant dans la zone…

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